« Merci d’avoir honoré ce plat » dit Christian, la voix basse. Dans ce qui fut une boutique de fringues de la rue Paradis, ce Libanais est venu aménager son estaminet ; pas un snack, pas un resto, mieux qu’un corner à sandwiches… Le Beirut, une adresse pensée pour venir chercher son en-cas déjeuner, faire une pause à la mi-journée ou boire un café assorti d’un man’ouché chocolat ou de debes bi tahini (mélasse de caroube et tahini mélangés) à savourer avec du kaak (sorte de petit pain). Notre homme a longtemps espéré des lendemains qui chantent mais la crise sans fin dans laquelle s’est englué le pays du cèdre l’a convaincu que la seule issue résidait dans le départ.
Nous voici donc face à un homme au doux accent levantin qui tend sa carte. Tabouleh, labneh, halloumi grillé voisinent avec les kebbé (boulettes de viande), les fatayer (chaussons épinards) et les brick au fromage. Des manaich (c’est le pluriel de man’ouche) au zaatar ou au fromage ainsi que les omniprésents falafels plantent le décor.
On mangerait de tout, mais le shawarma de bœuf et les batata harra (pommes de terres sautées, confites et pimentées) s’imposent. Ingrédients frais et de qualité, fraîcheur des préparations, cuisine familiale… On y est. Les assaisonnements tiennent la route (babaghanouj bien citronné, homos pas assez aillé) et on trempe ses makanek (saucisses de bœuf) dans une sauce à base de mélasse de grenade. N’ayez pas peur de commander, si vous le souhaitez, Christian préparera un petit sac avec vos reliefs que vous finirez à la maison ou au bureau.
A l’heure du dessert, Christian proposera sa spécialité, le aysh el seraya (pain perdu) mais comment résister au knefeh (gâteau de fromage et semoule nappé de sirop de sucre) ? Le genre de dessert qu’on boycotte de mai à fin août pour entretenir le summer body et qu’on dévore dès septembre, « pour se donner des forces ». Alors peut-on aller chercher ses mezzés (et le reste) chez Beirut ? Evidemment ! Même si on ignore pourquoi le nom de la capitale libanaise a adopté la graphie anglo-saxonne. Vous aimerez l’esprit, la carte, la gentillesse de l’équipe, le poisson à la crème de sésame et pignons torréfiés qui font la fierté du boss. Très bon rapport qualité-prix. Allez-y les yeux fermés.
Le Beirut, 128, rue Paradis, Marseille 6e arr. ; infos au 09 77 85 41 15. De 15 à 20 €.
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