Art de vivre

Les riches heures de la faïence de Marseille au musée Borély

faïence de MarseilleIls s’appellaient Savy, Fauchier, Robert, Leroy, Bonnefoy et furent les gloires de Marseille à l’époque classique. Ce n’étaient pas des cuisiniers mais ils les fréquentèrent de près à l’instar de Mme Perrin, veuve de son état, qui réalisa de somptueux services pour les soupes et potages… On l’ignore mais Marseille a été un des centres mondiaux les plus prestigieux de fabrication de faïence, « dont l’époque de gloire s’est étalée sur une courte période, de 1750 à 1785-89 tout au plus » avertit Marie-Josée Linou. La conservatrice en chef du Patrimoine au musée des Arts décoratifs, invite à découvrir une partie des collections mises en scène au sein du château Borély : « Je souhaite faire connaître au plus grand nombre l’exceptionnelle qualité des pièces, jadis exposées au château Pastré, et qui font de Marseille, une référence sinon française, au moins européenne dans le genre ».

faïence de MarseilleParis pour Moustiers, le monde pour Marseille
Pourquoi a-t-on fait de la faïence à Marseille ? Parce qu’il y avait aux environs de la ville des gisements de terre de très grande qualité et des marchands qui voulaient commercer. « Tout a commencé avec Joseph Fabre, qui avait loué sa fabrique à Monsieur Joseph Clérissy, argumente Marina L., marseillaise dont la collection privée rivalise avec celles des musées. Joseph Fabre représentait la France près la Sublime Porte, l’actuelle Turquie. Il a très vite perçu qu’il y avait là un potentiel à l’export… Et comme Marseille importait de la vaisselle de l’étranger, beaucoup ont pensé qu’ils pouvaient se lancer  dans ce business ».
De sources concordantes, ce serait un faïencier de Nevers qui aurait transmis son art aux Marseillais et les premières pièces marseillaises sont polychromes, comme à Nevers. « C’est de la polychromie de grand feu, poursuit Marina L. On parle de bleu cobalt, manganèse, de jeune antimoine et de vert de cuivre ». Le succès vient rapidement et sera tel que les faïenciers affrêteront eux-mêmes des bateaux pour exporter… « Moustiers a beaucoup vendu à la noblesse et à Paris mais a peu exporté. En revanche, Marseille a vendu à quelques nobles provençaux mais s’est surtout tournée vers l’extérieur et a considérablement exporté » complète Marie-Josée Linou.

faïence de MarseillePourquoi la faïence de Marseille a-t-elle été si prestigieuse ? « Tout simplement parce qu’il y a eu, au XVIIIe siècle, dans cette ville, une académie de peinture portée par les échevins qui ont formé les ouvriers aux principales industries des arts décoratifs, comme l’argenterie et l’orfèvrerie, les faïences et les fameuses indiennes, explique Marina L. Certains ouvriers au talent avéré deviendront peintres, d’où l’extraordinaire luxe de détails qui transforment les décors en œuvres d’art ». De fait, les décors mythologiques sont l’apanage du XVIIe et début XVIIIe, le siècle de Louis XV, assoiffé de légèreté, leur préférera les décors dits « à la Bérain » et les guirlandes de fleur. « Moustiers, c’est très beau mais ça manque de fantaisie. A Marseille, les peintres en faïence ont appris leur technique auprès d’artistes qui leur ont ouvert l’esprit à plus de créativité, l’imaginaire est très sollicité » surenchérit Marina L.

Le déclin
Ce sont la Révolution française et l’essor de la porcelaine anglaise qui ont marqué le début du déclin de Marseille. En 1772-75, une lettre patente de Louis XV autorise Marseille à faire de la porcelaine mais Limoges a pris le leadership. Quelques années plus tard, à la veille de la Révolution, le traité de Vergennes sera catastrophique pour les faïenciers marseillais. Pourquoi ? Parce que les importations en France de faïences étaient très lourdement taxées et ce traité a ouvert les frontières. On s’est mis à taxer en France la production française signant ainsi l’acte de mort d’une industrie peinte à la main de très grande qualité. L’Histoire se répétera dans d’autres domaines, les siècles suivants…

Les tables dressées du musée

musée BorélyProfitant d’une très belle salle à manger au château, dont les murs ont été peints par Philippe Rey au XVIIIe, Marie-Josée Linou a eu l’idée de dresser des tables thématiques régulièrement renouvelées. « Après le service Fauchier,  l’été dernier, nous avons montré des faïences aux motifs de paysage. Pour marquer l’exposition Man Ray et les années 1920-1930, nous avons dressé une table Art-Déco avec des emprunts en argenterie chez Christofle et auprès de particuliers. La cristallerie est signée Saint-Louis ». Cette table évoque les grands paquebots qui, à l’instar du Normandy, furent la vitrine des arts décoratifs français.

Téléchargez la plaquette de présentation du musée

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Avignon

► La Mirande façon Japon. Les 5, 6 et 7 décembre, la Table Haute de l’hôtel accueille Risa Nagahama, auteure japonaise de livres de cuisine, vivant à Berlin qui viendra préparer des plats tirés de son dernier ouvrage parmi lesquels le mijoté de porc-pamplemousse épinards et poireau-moutarde et riz, le poulet sauté avec sauce irizake-légumes et riz et le gâteau de style takoyaki avec compote de pommes et sauce vanille, kinako. On dégustera toutes ces spécialités à 12 convives maximum autour de la grande table, face au fourneau à bois. Durant toute la durée du marché de Noël, Risa proposera un plat à déguster sur place ou à emporter chaque jour.
• Et pour tout savoir du marché de Noël, cliquez ici.

Aix-en-Provence

► Pâtés en croûte et casse-croûte. Raphaël Chiapero ouvre, le 1er décembre, l’Echoppe du charcutier, un micro-local voisin de la Fromagerie du Passage, dans le passage Agard à Aix. Sur place, Raphaël proposera des pâtés en croûte, des foies gras mais également un plat du jour à emporter. Un petit assortiment de produits d’épicerie fine complète l’offre. Possibilité d’y prendre un verre pour l’apéro (un blanc, un rouge, un rosé, une bulle et une bière) et de picorer des petites choses sur place.
Passage Agard, à Aix-en-Provence. Du mar au sam de 9h30 à 14h et de 16h à 20h. 

Richerenches

Les 100 ans du marché aux truffes. Plus grand marché d’Europe, qui se déroule de la mi-novembre à la mi-mars, le marché aux truffes de Richerenches soufflera ses 100 bougies les samedi 2 et dimanche 3 décembre. Dans le cadre d’un « marché complice », plus d’une trentaine d’artisans passionnés et engagés, seront présents le 3 décembre pour présenter leurs produits exceptionnels et faire découvrir les histoires fascinantes qui les entourent. Des chefs emblématiques de la région seront également de la partie, préparant des menus alléchants. Tout au long de cette journée, dégustations insolites, défilé et animations autour de la truffe seront proposés aux visiteurs. Pour rappel, les « Marchés complices » sont une invention du Collège culinaire de France. Ils mettent en lumière les relations de complicité qui existent entre les producteurs et les cuisiniers. Ces marchés illustrent la diversité de l’artisanat culinaire et permettent au grand public de découvrir leur histoire, leur métier et leur passion.
Marché aux truffes, avenue de la Rabasse, 84600 Richerenches. Le dimanche 3 décembre de 10h à 17h.

Marseille

► Les Boissons Soiffe au comptoir. Les bières artisanales légères et savoureuses et les kéfirs naturels Soiffe ! ont enfin leur comptoir à Marseille ! Le duo de nouveaux brasseurs marseillais Claire Guerin et Angelo Nizard a réussi son pari en s’installant au 8, rue Lafayette, à équidistance des Réformés-Canebière et de la gare Saint-Charles.  A l’heure de la sortie des bureaux, de 17h30 à 22h du mercredi au samedi, il est désormais possible d’acheter ses bouteilles mais aussi de partager quelques verres entre amis au comptoir de la brasserie. Non contente d’accueillir du public en afterwork, la brasserie proposera des événements culturels et artistiques. Le collectif sérigraphiste Turboformat ouvrira le bal vendredi 1er décembre en invitant le street-artiste Goddog. Le samedi 2 décembre, trois artistes féminines se produiront en concerts solo, de la folk à l’électro.
Boissons Soiffe !, 8, rue Lafayette, Marseille 1er. Vente en direct du mercredi au samedi de 17h30 à 22h. Infos au 06 89 88 29 22.

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