
Loin, très loin des sentiers balisés d’un centre-ville sursaturé, le Figaro cultive une nostalgie bistrotière disparue et un esprit brasserie réconfortant. Adresse de quartier longtemps gardée secrète par un voisinage jaloux de conserver intacte sa pépite, au fil des derniers mois, le restaurant a vu sa réputation gagner les autres quartiers de la ville. Mieux vaut donc réserver en amont, sans quoi y aller la bouche en cœur se révélera catastrophique. Samedi midi, Figaro est à bloc. L’équipe est chaleureuse pour les uns, complice avec les autres. Table dans la véranda et ardoise aguicheuse : les indices d’un déjeuner heureux sont réunis.


Prudemment appuyée sur le tronc d’un olivier, l’ardoise annonce 4 entrées, autant de plats et de desserts. On y décèle de classiques idées comme l’œuf parfait chatchouka, le velouté de céleri-figatelli grillé et noisettes torréfiées. Des plats brasseurs repimpés, de type ravioli au citron-artichauts frits poivre du sichuan ou le grenadin de veau rôti en croûte millefeuille de courge jus de viande. Côté douceurs, au très ricain brownie crémeux choconoir et blanc répond un fiadone à la crème de clémentines corses. Sur la table, on pose une baguette entière. Pain croustillant, la générosité est évidente, elle se prouvera aussi dans les assiettes.




Tout est très bon : le croustillant de bœuf bourguignon pané à la pancetta crème d’oignons donne le sourire, le tartare de bœuf gratiné au bleu d’Ecosse gratouille la langue, s’amuse en bouche, donne l’envie du « toujours plus ». Le service monte en intensité, les conversations s’animent, les verres tintent. Le pavé de filet cuit saignant-gnochetti sauce au poivre vert est irréprochable, il enterre sans pitié le mignon de porc aux palourdes-pommes frites qui lui, est totalement raté. Viande sèche, dure comme une semelle baignant dans un jus presque aigre, pommes de terre qui auraient pu être bonnes, toutes spongieuses et palourdes mangées comme une punition.
Le serveur s’inquiète, Manu Papazian, le patron, aussi : – J’ai eu d’autres retours comme le vôtre », assure-t-il, très contrarié. Un honnête homme. Un baklava (façon mousse crémeuse de pistaches) et une tarte aux noix-caramel (façon entremets) plus tard, arrive l’heure de la douloureuse. Notre serveur propose un « geste » sur la note et s’excuse encore. « C’est gentil, merci beaucoup, tout le monde peut se tromper », le rassure-t-on.
Alors faut-il aller chez Figaro ? Oui pour la qualité de l’accueil et la cool attitude des serveurs. Oui pour cette formule déjeuner qui balance entre les tentatives créatives de la cuisine et quelques valeurs sûres. Oui pour ce petit plus d’humanité assaisonné à l’honnêteté qui donne envie d’y revenir, tout ça parce qu’on y a passé un chouette moment.
Le Figaro, 20, avenue de Bois Luzy, Marseille 12e arr. ; infos au 06 07 67 27 97. Formule 42 € ; carte, 60 €.
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