
Aller au restaurant un jeudi soir est un moment de grâce. La semaine touche à sa fin et il flotte, ces soirs-là, comme un air de pré-vacances mâtiné d’insouciance. Remarquez : les gosses sont absents des jeudis soir, à croire que les baby sitters ne travaillent que le samedi. Ce sont aussi des soirées où quincas, quadras et trentenaires se côtoient avec un même sens aiguisé de la fête… Bref, jeudi soir, c’était le bonheur. Chez Lily, dans un décor post indus genre Mad Max à la endoumoise, il y avait de solides piliers au comptoir. A 20 heures, la salle était encore clairsemée ; trente minutes après, c’était bondé.


Premier conseil : arrivez en premier. Ça vous donnera l’occasion de boire un second cocktail, quand les copains seront tous là. Mais gaffe, si vous commencez avec une recette, il faudra reprendre pareil car mélanger les styles, peut s’avérer dangereux. Le pollen d’amour (gin, pollen bio, verjus, jasmin et tonic) ou le smocken lime (mezcal triple sec, orgeat, vanille et lime) voire un espresso Martini même s’il est meilleur dans la nuit… Mais le jeudi soir tout est permis.
La carte n’est pas compliquée, c’est même une ardoise. On y trouve six recettes, du cromesquis de boudin noir de Bigorre au beurre de poire en passant par un homos-carottes rôties au cumin-pesto d’herbes au parmesan, un poulet croustillant-mayo à l’ail noir et un très saisonnier œuf parfait aux champignons (girolles, pleurottes)-éminards et émulsion à la tomme de brebis. Du fromage, de la charcuterie, un tartare de thon… On prend de tout, on piochera partout. C’est le principe. Rien n’est compliqué, on ne se prend pas la tête, tout est bon sauf le pain qui est abject. La soirée est heureuse et de table en table, certains commencent à chanter.


Notre serveur propose un vin rouge « rigolo ». Ce qui fait dire à l’une des copines hilares, « à ce niveau-là, j’aurais pu être sommelière ! ». C’est la cuvée Osiris de la famille Gilly (à Gigondas) qui fera l’unanimité : un rouge structuré avec juste de ce qu’il faut de tanins pour le ranger dans la catégorie des vins d’adultes, compréhensible, fruité teinté de fraîcheur. La soirée se déguste, on pique dans les gamelles, on rigole. On aurait aimé un dessert mais il fallait attendre « une heure », pour une mousse choco-crumble d’amandes et un « cookie sexy » (dixit le serveur, très inspiré), gros cookie mi-cuit choco-noix de pécan caramélisées et glace vanille.
Alors faut-il aller chez Lily ? Oui car l’ambiance est amicale mais mieux vaut y aller à plusieurs. On aime l’équipe gentille, la déco, la cuisine qui ne se prend pas la tête et s’efforce de proposer des assiettes instantanées et soignées. Carton rouge sur le pain et, c’est promis, on reviendra parce qu’on y a laissé là-bas le souvenir d’une jolie soirée.




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