
L’adresse a changé de propriétaires mais les moines peints sur la façade demeurent, tout comme les tables, les chaises vintage et les placages de bois sur les murs. C’est désormais le triumvirat composé de Laurent Battisti (les Réformés et le Blum à l’Artplexe), Gaëlle Moratille (ex-La Cantinetta) et Frédéric Coachon (ex-les Buvards) qui préside aux destinées de ce nouveau (très) haut-lieu bistrotier marseillais. Car, si beaucoup jouent la carte franchouillarde, peu y arrivent avec autant de sincérité que Gaëlle et Frédéric, pour qui le style rade coule dans les veines. Chez Groin, l’ardoise est réécrite tous les jours, et donne « le la » : du céleri rémoulade-amande et chips de chorizo, à la salade de museau, du foie gras confit aux oignons au jambon rôti chou à la crème, c’est une balade dans les vignobles du Beaujolais qui se raconte à coups de boudin blanc purée et tartare de bœuf-frites.


Pour commencer, le sabodet et pommes de terre à l’ivrogne se raconte comme un duo de saucisson à cuire et pommes de terre cuits dans le vin rouge. Acide et gras mêlés, suavité des pommes fondantes… ce sont les quais de Saône à quelques mètres du Vieux-Port. Célébrons le cochon de bout en bout avec une merveilleuse morteau tranchée et sa compotée de lentilles cuisinées fondantes, aux oignons et carotte. Un tour de moulin à poivre et on y est ! La tarte bourdaloue, bien colorée aux arômes d’amande fraîche assume sa physionomie joufflue, la poire semble sourire dans sa gangue sucrée.

Alors faut-il aller Chez Groin ? Oui et on le redit car c’est un bistrot sans chichi ni comédie, une adresse unique à Marseille par son authenticité et la justesse de son propos. Ici, pas de précieuses ridicules hurlant devant un ramen enivré d’umami, plutôt des joyeux lurons aux bonnes manières qui attendront les copains en se partageant une tranche de terrine et qui trinqueront au pinard rouge (dom. du Murinais en crozes-hermitage ; montfrin-Latour en coteaux du Pont du Gard IGP, RLK « Je suis un génie » en vin de France). On aime le service enjoué et la salle encombrée ; lire la carte nous renvoie aux classiques d’une gastronomie définitivement réconfortante.
Chez Groin, 27, rue Reine Elisabeth, Marseille 1er ; fermé dim. et lun. Carte 30 € env.
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